Professeur en Pharmacie-Toxicologie à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse – UMR INRAE-ENVT IHAP (Interactions hôtes-agents pathogènes) – Philippe GUERRE fera une présentation qui portera notamment sur le rôle encore mal connu chez l’animal des sphingolipides (SPL), les oxilipines bénéficiant d’un peu plus d’attention.
Les premiers (au caractère énigmatique…) sont des lipides complexes dérivés d’une base sphingoïde et d’un acide gras. Présents dans toutes les cellules des organismes vivants et dans les liquides biologiques, ils ont des rôles structurels et fonctionnels multiples. Quant au second, ils correspondent aux dérivés d’oxydation des acides gras insaturés et polyinsaturés membranaires. Formés à l’occasion d’un stress oxydatif, ou par l’action de différentes enzymes, ces composés sont principalement connus chez les mammifères en tant que médiateurs des phénomènes inflammatoires, qu’ils soient d’origine infectieuse ou non infectieuse.
« Un volet thérapeutique connu depuis très longtemps… Et beaucoup mieux que pour les sphingolipides ».
La mise en évidence des rôles et fonctions des sphingolipides chez l’animal a été très bien accueilli au niveau international : 5 publications dans des revues de rang d’IF moyen de 5.5 ayant été réalisées de 2021 à 2023, sélection pour communication orale à congrès scientifique. Pour autant, « très étudié chez l’homme, ce sujet reste méconnu chez l’animal ». Pourquoi ?
Philippe Guerre
L’explication tient probablement au manque de moyens et de connaissances par rapport à l’intérêt de la problématique. Je m’explique. Chez homme les sphingolipides, sont associés à des déficits génétiques (maladie de Gaucher, ou encore la mucoviscidose) mais aussi à de nombreuses pathologies :
* les maladies neurodégénératives : Parkinson, Alzheimer
* les phénomènes inflammatoires chroniques : maladie de Crohn, syndrome du côlon irritable, diabète,
* et de nombreux cancers : leucémies, cancer colorectal notamment…
Autant de pathologies qui ne sont pas celles qui dominent en médecine animale, plus orientée production et bien-être (quels ajustements de l’alimentation opérer pour obtenir de meilleurs rendements) ou pathologies infectieuses.
Et pourtant vous avez décidé d’y aller ! Justement pour combler des manques ?
Philippe GUERRE
C’est cela. La finalité de ces activités est une amélioration du contrôle et de la maitrise des maladies infectieuses, et notamment la proposition d’alternatives innovantes à l’antibiothérapie.
M’intéressent ici un volet compréhension des mécanismes infectieux et immunitaires et un volet thérapeutique potentiel, avec de nouvelles molécules qui peuvent agir sur des fonctions de l’organisme, jusqu’à présent non exploitées.
Mieux comprendre l’inflammation et l’immunité c’est aussi mieux la contrôler et mieux combattre les maladies, notamment infectieuses. Ce dernier point étant particulièrement important dans le contexte actuel de l’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques.
- Les oxilipines parlons-en… Note-t-on le même déficit de connaissances ?
Philippe GUERRE
Ces composés sont assez bien connus à travers des noms génériques tels que prostaglandines, leucotriènes, ou un peu moins connu, résolvines. Autant de composés qui sont des médiateurs de l’inflammation. Ce sont des dérivés d’acides gras dont on parle beaucoup en nutrition et santé avec la balance oméga 6/oméga 3.
L’inflammation, on cherche à la réguler depuis très longtemps, aussi bien chez l’homme que l’animal, avec différentes catégories d’antiinflammatoires tels l’aspirine, obtenu à partir du saule, la cortisone … et leurs nombreux dérivés
Ici le volet thérapeutique est donc connu depuis très longtemps. Et beaucoup mieux que pour les sphingolipides.
Les progrès analytiques récents sont à l’origine d’un intérêt grandissant pour les oxylipines dans la résolution de l’inflammation, au bénéfice de l’homme et de l’animal.